Clone-moi si tu peux!

Publié le 8 mai 2025 à 21:38

Dans un monde où les acteurs, les voix et même les émotions sont générés par l’intelligence artificielle, un nouveau marché émerge : la monétisation de la personnalité humaine.

Dans ce modèle, ce ne sont plus les talents d’acteurs ou de créateurs qui sont sollicités, mais leur identité même. Les individus les plus « intéressants » deviennent des marques. On ne les engage plus pour jouer, on achète leurs droits numériques pour les reproduire à l’infini dans des films, des jeux, des séries… entièrement produits en univers numérique, que ce soit dans le métavers ou d’autres espaces immersifs.

L’enjeu : se vendre avant d’être copié

Cette dynamique créerait une course à la personnalité. Les gens voudront cultiver un style, une allure, une énergie qui les rend uniques et donc commercialisables. Un peu comme les influenceurs aujourd’hui, mais poussé à l’extrême : il ne s’agit plus d’être suivi, mais d’être licencié numériquement.

Ceux qui réussiront à marquer l’imaginaire pourront alors céder les droits de leur « moi numérique » — visage, voix, mimiques, façon de parler — à des studios ou plateformes qui les utiliseront comme des avatars dans des œuvres générées par A.I.

Une illusion d’unicité dans une mer de copies

Mais voilà le paradoxe : si tout le monde veut être unique pour mieux se vendre, l’unicité devient une marchandise, une norme à atteindre. L’identité elle-même devient un produit formaté.

Et pourtant, rien n’est aussi profondément singulier que l’humain façonné par son vécu, sa culture, son environnement. Ce sont ces couches de subtilité, de contradictions, de silence, que l’A.I. aura le plus de mal à reproduire… du moins pendant un certain temps.

Une nouvelle lutte des classes?

On peut imaginer une nouvelle fracture sociale : ceux qui auront réussi à « monétiser » leur identité numérique et ceux qui resteront anonymes, interchangeables, remplacés par des intelligences plus séduisantes.

La valeur humaine risque alors de ne plus se mesurer en dignité, mais en capacité à générer de l’engagement numérique.

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