
Ce n’est pas la technologie qui est dangereuse, c’est ce qu’on en fait.
Aujourd’hui, ce qui relevait hier de la science-fiction prend peu à peu forme, parfois sans faire grand bruit. Certaines initiatives technologiques, bien qu’utiles et innovantes, soulèvent des questions sur les équilibres à préserver entre efficacité, liberté et vie privée.
Et si un système d’évaluation sociale, à la manière de certains modèles étrangers, pouvait se développer graduellement dans les sociétés démocratiques? Voici un survol de tendances observables.
1. Identité numérique centralisée : tout en un
Les gouvernements souhaitent simplifier l’accès aux services en regroupant plusieurs documents dans un seul outil numérique : permis, passeport, dossier médical, preuves vaccinales, etc.
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Le Québec travaille depuis 2023 à un portefeuille numérique citoyen.
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L’Union européenne prévoit une identité numérique commune d’ici 2030.
Objectif affiché : simplifier l’administration publique.
2. Technologies de surveillance intégrées au quotidien
Caméras, capteurs, objets connectés, reconnaissance faciale : ces technologies sont de plus en plus présentes dans les espaces publics et privés.
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Des expérimentations ont eu lieu à Toronto avec la reconnaissance faciale.
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Le projet de loi C-27 au Canada vise à encadrer l’IA, tout en ouvrant la porte à certains usages élargis.
Justification courante : sécurité publique et innovation.
3. Évolution des systèmes de notation
Le crédit, autrefois purement financier, pourrait inclure de nouveaux paramètres liés au mode de vie, à l’environnement ou à la santé.
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Des initiatives proposent des crédits carbone individuels.
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Des compagnies d’assurance ajustent leurs tarifs selon le comportement (ex. : vitesse, freinage, poids).
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Le programme Hilo d’Hydro-Québec encourage la réduction d’énergie à certaines heures.
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Certaines assurances auto utilisent une application mobile pour évaluer les habitudes de conduite.
Logique : adapter les offres à des comportements mesurables.
4. Régulation ou reprise des agences de notation
Les grandes agences privées ont connu des brèches de sécurité importantes, comme chez Equifax. Cela alimente des discussions sur une possible reprise en main par des institutions publiques.
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L’idée d’une notation citoyenne éthique refait parfois surface dans certains milieux politiques ou universitaires.
5. Conditionnalité de certains droits ou services
L’usage d’outils numériques a parfois permis de restreindre ou d’organiser l’accès à des services selon des critères de conformité (ex. : santé publique).
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En 2022, certains comptes bancaires ont été gelés pour participation à des manifestations.
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Certaines applications exigent une preuve biométrique pour authentifier l’identité de l’usager.
Débat : où tracer la ligne entre sécurité collective et liberté individuelle?
6. Influence subtile sur les comportements
Plutôt que d’imposer des interdictions, certaines plateformes utilisent des incitatifs, des algorithmes ou des campagnes de sensibilisation pour orienter les comportements.
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L’utilisation du « nudging » (influence douce) est croissante dans la sphère publique.
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Des contenus peuvent être priorisés ou dépriorisés selon les algorithmes, sans intervention humaine directe.
7. Vers un score global?
Avec la centralisation des données et l’interconnexion des services, l’hypothèse d’un score agrégé par citoyen — intégrant finances, comportement, santé, etc. — est parfois évoquée dans des scénarios de prospective.
Il ne s’agit pas ici d’une réalité actuelle, mais d’une question ouverte pour le débat démocratique : jusqu’où veut-on aller dans l’intégration numérique des comportements individuels?
Sous le Paillasson
Rien sous le tapis. Tout sous la loupe.
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