Mark Carney à la Maison-Blanche : peu de temps de parole, mais un bon coup d’entrée

Publié le 10 mai 2025 à 19:57

J’ai suivi avec attention la récente visite de Mark Carney à la Maison-Blanche, et si je ne partage pas son idéologie politique, je dois reconnaître que l’homme sait jouer la game. Il s’est très bien adapté aux codes de la politique moderne, et particulièrement à ceux du style Trump : réseau social actif, message rassurant, mise en scène maîtrisée. Voici mon analyse de la rencontre, accompagnée de quelques réflexions personnelles sur ce nouveau chapitre des relations canado-américaines.

1. Une présence bien calculée sur les réseaux sociaux
Depuis son élection, Carney publie presque quotidiennement : des textes longs, clairs, presque pédagogiques. Il y explique ce qu’il a fait, les enjeux du jour. Le ton reste toujours calme, positif. Il emprunte clairement certains codes à Trump, sans l’excès, mais avec la même régularité. Et ça marche. Le public aime savoir, comprendre, suivre les coulisses.

2. Une entrée réussie dans la politique-spectacle
Carney a compris que la politique, aujourd’hui, se joue aussi devant les caméras. Sa rencontre avec Trump était calibrée : caméras en direct, questions sans filtre, formules bien placées. On est dans le registre du spectacle, mais honnêtement, ça fait du bien de voir un politicien canadien capable de jouer dans cette ligue-là.

3. 3 minutes sur 30 : un déséquilibre assumé
Carney a eu très peu de temps de parole. Sur les 30 minutes de déclaration commune, moins de 3 minutes lui ont été accordées, soit moins de 10 %. Connaissant Trump, ce n’est pas étonnant : il aime s’écouter parler. Pour une première rencontre, c’était probablement la meilleure posture : observer, écouter, et poser les bases sans friction.

4. Un bon dosage pour une première impression
Il aurait pu s’imposer davantage, mais cela aurait été contre-productif. Trump teste. Carney est resté calme, posé, professionnel. Il a passé ce premier test avec succès à mes yeux.

5. Les tarifs douaniers : un faux débat pour l’instant
Sur le fond, le sujet principal était les tarifs douaniers. Mais à court terme, ce n’est pas une urgence pour le Canada. Le tarif de 25 % sur tous les produits a été suspendu. Les discussions portent maintenant sur l’aluminium et les automobiles. Ce sont des enjeux ciblés, pas une guerre commerciale généralisée.

6. Aluminium : le Canada gagne plus qu’il ne perd
Selon un récent article de Radio-Canada, l’industrie canadienne de l’aluminium n’est pas aussi pénalisée qu’on le prétend. Dans bien des cas, elle en ressort même gagnante. Le discours alarmiste sur ce point mérite donc d’être nuancé.
👉 Lire l’article : Radio-Canada – Aluminium : Le Canada moins perdant qu'on le croit

7. Le vrai enjeu : l’automobile
C’est dans le secteur automobile que les choses sont plus sensibles. Des tarifs punitifs dans ce domaine pourraient menacer des milliers d’emplois. Carney devra défendre cet enjeu avec fermeté dans les prochains mois. La diplomatie calme, c’est bien pour commencer, mais il faudra du mordant à l’avenir.

Conclusion : une première réussie, mais prudente
Carney n’a pas pris trop de place, il a laissé Trump briller sous les projecteurs, tout en s’assurant d’être présent, posé, professionnel. Pour une première rencontre avec un président aussi imprévisible, c’était probablement la meilleure carte à jouer. La suite nous dira s’il est capable de passer de l’écoute à l’action.

 

— Publié par Sous le Paillasson
Rien sous le tapis. Tout sous la loupe.

 


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