Une patrie qui se donne naissance

Publié le 4 mai 2025 à 15:11

Le Canada s’est engagé dans un projet démographique ambitieux : atteindre 100 millions d’habitants d’ici 2100. Une trajectoire qui repose presque exclusivement sur l'immigration massive. Or, cette stratégie soulève de nombreuses questions économiques, culturelles et identitaires.

Et si nous réfléchissions autrement? Et si, plutôt que de simplement importer des citoyens, on soutenait mieux ceux qui sont déjà là? Une piste, jadis proposée par le psychiatre Pierre Mailloux, mérite qu’on y revienne sérieusement : une politique nataliste fondée sur des réductions d’impôt à la source pour les femmes, modulées selon le nombre d’enfants.

L'idée : récompenser l’engagement parental

Concrètement, la proposition vise à offrir des allègements fiscaux directs aux femmes ayant des enfants, selon un barème progressif :

  • 1 enfant : -5 % d’impôt retenu à la source

  • 2 enfants : -10 %

  • 3 enfants : -20 %

  • 4 enfants ou plus : jusqu’à -40 %, plafonné

Le tout versé à la source, permettant un soutien immédiat, sans devoir attendre un retour d’impôt. Cette mesure offrirait aux femmes actives un réel levier économique pour concilier maternité et carrière, comblant ainsi le désavantage fiscal souvent implicite qu’elles subissent comparé à celles sans enfants.

Un incitatif réfléchi, sans coercition

Certains critiques pourraient qualifier ce genre de proposition de « nataliste », voire « eugéniste », en ce sens où elle favoriserait la reproduction des « éléments actifs » de la société. Mais il faut être clair : il ne s’agit ici que d’un incitatif fiscal, et non d’une sélection coercitive. Chacune reste libre de ses choix reproductifs.

À l’inverse, pour assurer une forme d'équilibre, un montant forfaitaire pourrait être envisagé pour ceux qui choisissent volontairement la stérilisation — par exemple 10 000 $ pour les personnes sans enfant qui renoncent formellement à la parentalité.

Non pas dans un esprit de punition ou d’exclusion, mais au contraire dans une logique d’équité : si une personne estime que la parentalité n’a pas de valeur suffisante pour elle à un coût aussi bas, cela devrait être un choix assumé et accompagné.

Immigration et natalité : une stratégie jumelée, non exclusive

Cette vision ne s’oppose pas à l’immigration — elle la complète. Miser sur une population active, éduquée, investie et enracinée dans la société, tout en accueillant des talents étrangers de façon modérée et ciblée, permettrait d’éviter les tensions liées aux pressions démographiques tout en renforçant la cohésion sociale.

Favoriser la natalité chez nous, ce n’est pas fermer la porte aux autres. C’est simplement éviter de mettre tous nos œufs dans le même panier démographique.

Conclusion : et si on parlait franchement?

Trop souvent, les débats sur la natalité sont étouffés par des tabous ou caricaturés. Pourtant, dans un contexte de déclin démographique mondial et d’instabilité géopolitique, oser proposer une politique nataliste équilibrée n’a rien de radical.

Il ne s’agit pas de forcer qui que ce soit. Il s’agit de reconnaître concrètement que faire des enfants est un acte social majeur, qui mérite un appui structurant. Et que refuser la parentalité est aussi un choix qui, lorsqu’il est assumé, peut s’intégrer dans une vision lucide du futur collectif.

 

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