
Chaque année, plus de 23 milliards de mégots de cigarettes sont jetés en France. Jetés par terre, dans les caniveaux ou dans les égouts, ces résidus toxiques représentent une pollution massive et persistante, contaminant jusqu’à 500 litres d’eau chacun. Mais une jeune entreprise française a décidé de renverser la vapeur.
TchaoMegot : recycler l’invisible
Fondée avec une ambition claire — rendre les déchets du tabac utiles — l’entreprise TchaoMegot a mis au point un procédé révolutionnaire pour recycler les filtres de cigarettes, cette bourrure blanche saturée de produits chimiques.
Leur technologie repose sur un processus d’extraction au CO₂ supercritique, un gaz capté et recyclé, qui permet de purifier la fibre filtrante à 99,7 % sans utiliser de solvants nocifs. Le résultat ? Une matière isolante, propre, légère et performante, idéale pour le textile ou la construction. Doudounes, rembourrages, isolants thermiques… les applications sont nombreuses, et surtout, durables.
Comment ça fonctionne ?
Le processus de recyclage développé par TchaoMegot suit plusieurs étapes clés :
1. Collecte : des cendriers spécialisés, fournis aux partenaires publics et privés, permettent de récupérer les mégots usagés sans contamination croisée.
2. Tri manuel : les mégots sont triés à la main afin d’éliminer les déchets annexes (plastiques, papiers brûlés, etc.).
3. Nettoyage mécanique et thermique : les mégots sont dépouillés de leur papier et de leur goudron grâce à une combinaison de brossage et de chaleur contrôlée.
4. Extraction au CO₂ supercritique : cette méthode innovante utilise du CO₂ recyclé pour dissoudre les substances toxiques (nicotine, goudron, métaux lourds), sans polluer ni abîmer la fibre.
5. Séchage et traitement final : la fibre, désormais pure à 99,7 %, est séchée, aérée, puis préparée selon les besoins : isolant thermique, rembourrage textile ou autre usage industriel.
Une solution concrète et déjà adoptée
À Saint-Gratien, en région parisienne, une campagne de sensibilisation couplée à l’installation de cendriers spécialisés a permis de collecter 115 000 mégots en seulement six mois. Ces résidus ont ensuite été traités par TchaoMegot pour être transformés en matériaux utiles.
L’entreprise compte déjà 2 500 clients en Île-de-France, dont 70 % du secteur privé et 30 % du secteur public. De nombreuses collectivités, entreprises et établissements scolaires s’équipent de leurs dispositifs de collecte, intégrant ainsi une dimension écologique concrète à leur gestion des déchets.
Une reconnaissance méritée
Le Ministère de l’Écologie ne s’y est pas trompé : l’innovation de TchaoMegot a été récompensée par un label de performance environnementale, une première dans le secteur du recyclage des mégots. L’entreprise incarne une nouvelle génération d’acteurs écologiques : pragmatiques, efficaces et économiquement viables.
Ce qu’il faut retenir
Alors que les mégots sont souvent perçus comme une fatalité urbaine, TchaoMegot prouve qu’avec un peu d’ingéniosité, ce déchet parmi les plus répandus peut devenir une ressource. L’initiative combine technologie propre, économie circulaire et éducation environnementale.
Rien sous le tapis. Tout sous la loupe.
Sous le Paillasson
Sources :
• Site officiel de TchaoMegot : www.tchaomegot.com
• Le Parisien, « À Saint-Gratien, les mégots deviennent des doudounes », 2024
• Ministère de la Transition Écologique, Label performance environnementale, 2023
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