L’État obèse : croissance bureaucratique et impasse économique

Publié le 9 juin 2025 à 20:40

C’est en écoutant un épisode du balado Ian et Frank, avec le politologue Gabriel Giguère, que j’ai réalisé à quel point la bureaucratie canadienne s’est emballée au cours des dernières années. Une statistique frappante : sous Justin Trudeau, la fonction publique fédérale a gonflé de 43 %, avec plus de 100 000 nouveaux postes créés. Pendant ce temps, les déficits fédéraux se maintiennent à 50 à 60 milliards de dollars par année. Le tout sans amélioration significative des services aux citoyens.

 

Une bureaucratie plus grosse, mais pas plus efficace

Le Canada compte maintenant 9 fonctionnaires fédéraux pour 1 000 habitants — plus que le Royaume-Uni (7,4) ou l’Allemagne (6,2). Et pourtant, le citoyen moyen n’a que peu d’interactions avec l’État fédéral, essentiellement pour les impôts et les passeports. Loin d’une administration agile, nous faisons face à un appareil lourd, lent, et coûteux.

Réduire la taille de la fonction publique fédérale de 17,4 % (soit environ 60 000 postes) permettrait d’économiser 10 milliards de dollars sur 5 ans. Mais dans un gouvernement minoritaire appuyé par le NPD, aucune réforme sérieuse ne semble envisageable.

Une masse salariale incontrôlée

Depuis 2015, la rémunération totale des fonctionnaires fédéraux a doublé. Aujourd’hui, 70 milliards de dollars par an sont consacrés aux salaires — soit 1 dollar fédéral sur 7. Ce chiffre astronomique n’est pas soutenu par une performance accrue ni par une modernisation visible des services.

Politiques idéologiques et fiascos technologiques

L’administration Trudeau a également fait le pari de politiques DEI (diversité, équité, inclusion), souvent perçues comme favorisant les quotas identitaires au détriment des compétences. Résultat : des inquiétudes sur l’efficacité des services publics.

L’introduction précipitée de l’intelligence artificielle dans la fonction publique, sans encadrement rigoureux, rappelle les échecs coûteux des systèmes Phoenix ou SAAQclic. Le risque d’un nouveau fiasco technologique est réel, et les contribuables en paieront encore la facture.

Québec : la contagion syndicale

En 2023, le Québec a enregistré 759 grèves, dont 90 % dans le secteur public — un record historique. Des centrales comme la FTQ ont multiplié les tactiques musclées, allant jusqu’à menacer des élus ou vandaliser des bureaux ministériels. Pendant ce temps, les parents du secteur privé étaient forcés de prendre des congés sans solde à cause des fermetures d’écoles et de services de garde.

Entre 2021 et 2024, les augmentations salariales dans le secteur public québécois ont atteint 17,4 %, soit un coût de plus de 8 milliards de dollars pour l’État. Ces hausses pèsent directement sur le déficit budgétaire et compromettent la marge de manœuvre du gouvernement Legault, déjà hésitant à affronter les syndicats.

L’exemple oublié de la réforme Couillard

L’ancien gouvernement de Philippe Couillard avait montré qu’une révision rigoureuse des programmes — comme celle menée dès 1994 — pouvait générer des excédents et rembourser la dette sans effondrer les services essentiels. Pourquoi avoir abandonné cette logique? À l’heure actuelle, ni Ottawa ni Québec ne semblent vouloir poser la question fondamentale : à quoi sert chaque dollar public?

Conclusion : Un État qui sert ou qui se sert?

L’État canadien est devenu un leviathan budgétivore, inefficace, trop souvent capturé par des logiques syndicales ou idéologiques. Cette réalité, évoquée avec lucidité dans Ian et Frank, devrait alimenter un débat essentiel : faut-il encore grossir la machine gouvernementale, ou plutôt la rendre responsable, sobre et efficace?

Le statu quo n’est plus tenable. Il est temps de repenser le rôle de l’État, non pas contre ses employés, mais au service de ses citoyens.

 

 

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