Les « Tire-bouchons du diable » : quand un castor préhistorique a dérouté les scientifiques

Publié le 9 juin 2025 à 06:45

À la fin du XIXe siècle, dans le nord-ouest du Nebraska, des paléontologues ont fait une découverte des plus insolites. En fouillant les carrières d’Agate Springs, ils ont mis au jour d’énormes spirales fossilisées, enfoncées profondément dans le sol. Hautes de plusieurs mètres, ces structures tournoyaient comme des forets géants, semblant défier toute logique naturelle.

Très vite, on les a surnommées les « tire-bouchons du diable », tant leur forme étrange et leur taille inhabituelle laissaient penser à une origine mystérieuse, voire surnaturelle.

Une énigme paléontologique

Pendant des années, ces spirales ont alimenté les théories les plus diverses. Certains chercheurs pensaient qu’il s’agissait de racines fossilisées d’arbres disparus. D’autres les croyaient liées à des organismes marins géants ou à d’étranges formations minérales. Mais aucune explication ne résistait vraiment à l’analyse.

Ce n’est qu’avec la découverte de fossiles supplémentaires que la vérité a commencé à émerger. À l’intérieur même de certaines spirales, les paléontologues ont trouvé les restes d’un animal aujourd’hui disparu : Palaeocastor, un ancien castor terrestre.

Un castor qui creusait en spirale

Contrairement à ses cousins modernes, le Palaeocastor ne vivait pas dans l’eau. Il parcourait les grandes plaines d’Amérique du Nord il y a environ 20 millions d’années, pendant le Miocène. Adapté à la vie souterraine, ce petit mammifère fouisseur construisait des terriers sophistiqués, en forme de spirale descendante.

Pourquoi cette forme si particulière ? Les scientifiques pensent que ces spirales avaient plusieurs fonctions : elles permettaient d’évacuer l’eau, de réguler la température interne du terrier, et de décourager les prédateurs grâce à leur structure complexe et difficile à traverser.

Une archive fossile de comportement

Ce qui rend cette découverte si fascinante, c’est qu’elle ne concerne pas seulement les os ou les dents d’un animal, mais un comportement fossile. Ces terriers spiralés, aujourd’hui appelés Daemonelix, témoignent d’une stratégie de survie unique, inscrite pour toujours dans la roche.

Encore visibles aujourd’hui dans certains musées et parcs géologiques, les « tire-bouchons du diable » rappellent que les archives du passé ne sont pas faites que d’animaux figés, mais aussi des traces concrètes de leur mode de vie, de leurs choix, et de leur ingéniosité.

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