
On commence à en parler autrement. Pas avec des petits bonshommes verts ou des vidéos floues sorties de vieux forums. Non. On en parle avec des anciens du renseignement, des philosophes, des journalistes scientifiques. Et c’est précisément ce que propose l’émission Science de la chaîne Tocsin dans son épisode consacré aux OVNIS, avec Alexandre Caget à l’animation, et des invités solides : Alain Juillet, ex-directeur du renseignement à la DGSE, François Demier, consultant en défense, et Mathias Lebœuf, docteur en philosophie et chroniqueur.
Ce qu’on comprend très vite, c’est qu’on n’est plus dans le folklore. Comme le dit Alain Juillet : « Il y a des faits scientifiques irrévocables ». Pas des croyances, pas des rumeurs. Des éléments matériels, des vidéos confirmées, des documents déclassifiés. Et surtout, une gêne institutionnelle palpable.
« On a pendant des années considéré que toute personne qui s’intéressait à ces sujets était soit un illuminé, soit un fou. » Ce discrédit automatique, cette disqualification réflexe, c’est l’un des premiers mécanismes que les invités déconstruisent. Car à force de se moquer, on a peut-être freiné la science.
Mathias Lebœuf l’explique avec lucidité : « Ce qui est gênant, c’est que des éléments sérieux n’ont pas été étudiés à cause de l’image qu’on leur collait. » Résultat : une ignorance organisée.
Mais aujourd’hui, ça change. Le virage s’est amorcé aux États-Unis, avec la publication de rapports officiels. François Demier rappelle : « Le Pentagone a publié un document reconnaissant l’existence de phénomènes aériens non identifiés. Et surtout, en admettant ne pas savoir de quoi il s’agit. »
Ce “je ne sais pas” venant du Département de la Défense américain, ce n’est pas rien. On sort du déni, on entre dans l’inconnu — mais un inconnu assumé, encadré, mesuré.
Et ça oblige à se poser les bonnes questions. Est-ce d’origine étrangère ? Naturelle ? Technologique ? Extraterrestre ? « On ne peut pas écarter l’hypothèse extraterrestre simplement par réflexe rationnel. Ce serait irrationnel de le faire », dit Lebœuf. C’est un renversement de logique. On ne peut plus exclure sans preuves.
Alain Juillet insiste : « Dans les cercles militaires, certains phénomènes sont connus depuis longtemps, mais ils n’étaient pas communiqués. » Des objets détectés sur radar, captés par les capteurs d’avions, ayant des comportements impossibles selon nos lois actuelles.
« Accélération fulgurante, virages à angle droit sans perte d’inertie, absence de signature thermique… » liste François Demier. Tout cela pose problème à la physique connue. Et à l’ego humain.
La question n’est plus seulement : existe-t-il des OVNIS ? Elle devient : que dit leur existence de notre niveau de compréhension du réel ?
Et là, la philosophie entre en scène. « Nous avons une épistémologie terrienne », dit Lebœuf. Autrement dit : notre science part du principe que ce que nous observons est représentatif de l’univers entier. Mais si ce n’était pas le cas ?
Alain Juillet résume ça simplement : « Il faut se rendre compte qu’on ne sait pas ce qu’on ne sait pas. » Et ça, c’est peut-être la phrase la plus honnête de toute l’émission.
On comprend aussi que le secret n’est pas toujours conspirationniste. Il est parfois politique. Ou stratégique. « Révéler trop tôt une vérité qu’on ne peut pas encadrer pourrait générer du chaos », avance Demier. Imaginez annoncer au grand public que des objets inconnus pénètrent notre espace aérien sans qu’aucun État n’ait les moyens de les arrêter.
Alors on temporise. On étudie. En silence. Ou presque.
Mais depuis quelques années, les lignes bougent. « Des pilotes d’élite ont témoigné, à visage découvert, de rencontres avec des objets non identifiables. » Ce ne sont pas des marginaux. Ce sont des professionnels triés sur le volet.
Et leurs récits se recoupent. « Ce que j’ai vu ne ressemblait à rien de ce que je connais. » « L’objet volait à une vitesse impossible. » « Il a disparu en un clin d’œil, sans bruit. » Des phrases qu’on n’entendait que dans des récits amateurs, mais qui sortent désormais de la bouche de militaires.
Alors que faire ? L’émission ne tranche pas. Elle ouvre. Elle questionne.
Et c’est peut-être ce qu’on attendait. Pas une vérité imposée, mais un espace de débat. Un lieu pour dire : « Il y a quelque chose, on ne sait pas encore quoi, mais on ne peut plus faire semblant que rien ne se passe. »
Lebœuf appelle à une « écologie de la pensée ». Juillet à une « mise à jour de nos paradigmes ». Demier à « un effort collectif de lucidité ».
Et Caget, en bon animateur, résume la position : « Ce n’est pas parce qu’on ne comprend pas qu’on doit balayer. »
Alors non, l’émission ne prouve pas qu’on est visités. Elle prouve qu’on ne peut plus ridiculiser ceux qui posent la question.
Et ça, c’est déjà un tournant.
Ajouter un commentaire
Commentaires