
Le gouvernement Carney a déposé ses premiers crédits budgétaires principaux, totalisant 486,9 milliards de dollars, soit une hausse de 7,75 % par rapport à l’an dernier. Pourtant, ce plan massif ne s’accompagne d’aucun budget formel, aucune projection de revenus, et aucun cadre financier rigoureux. En d'autres mots : un chèque en blanc.
Un plan sans recettes, ni direction
Contrairement aux principes de saine gouvernance, le gouvernement n’a fourni aucune estimation de revenus ni de détail sur les recettes fiscales attendues. Aucune indication sur les revenus issus des taxes, du prix du carbone ou d’autres sources. Ce manque de transparence rend toute approbation parlementaire hasardeuse.
Rigueur budgétaire ? Quelle rigueur ?
Carney avait promis de limiter la hausse des dépenses de fonctionnement à 2 %. Or, les chiffres révèlent plutôt une augmentation de 14 % des mesures soumises au vote. Sur 77 ministères et organismes, seulement 14 voient leur budget diminuer. Partout ailleurs, les dépenses augmentent. Le fameux triple miracle — baisse d’impôts, hausse des services, retour à l’équilibre budgétaire — relève pour l’instant de la pure théorie.
Promesses électorales évaporées
Plusieurs engagements électoraux sont absents ou largement amputés :
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Les 3,5 milliards promis pour les corridors commerciaux n’apparaissent pas.
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Des 150 millions promis à Radio-Canada, seulement 42 millions figurent dans les crédits.
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Le programme de remboursement carbone est abandonné après le versement d’avril, passant de 11,67 milliards à 3,5 milliards pour les particuliers, et en baisse de 1,9 milliard pour les PME.
Dette et dépenses militaires en hausse
Le service de la dette atteindra près de 50 milliards de dollars, dépassant même le budget de la Défense nationale (33,9 milliards, en hausse de 1,94 milliard). Parallèlement, les contrats externes explosent, notamment les services professionnels et techniques, qui totalisent maintenant 26 milliards. Un montant difficile à justifier en période de soi-disant rigueur.
Détails préoccupants des crédits
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Les crédits déposés ne tiennent pas compte des 74 milliards de l’énoncé économique de 2024.
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Les dépenses totales réelles prévues pour 2025-2026 atteindraient plutôt 554,5 milliards.
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Les ministères liés aux Autochtones, notamment Services aux Autochtones et Relations Couronne-Autochtones, voient leur budget réduit de plus de 7 milliards combinés, sans explication publique. Les ministres concernés refusent de commenter.
Votes de confiance, mais pas de cadre crédible
Tous les votes sur ces crédits sont considérés comme des votes de confiance. Cela oblige les partis d’opposition à approuver ou renverser le gouvernement, sans possibilité de nuance. Le leader parlementaire libéral promet un examen rigoureux, mais les réponses aux questions les plus fondamentales tardent à venir.
Conclusion : un plan sans colonne vertébrale
Carney s’était présenté comme l’homme de la discipline budgétaire. Mais dans les faits, son gouvernement dépose des crédits de continuité, sans cap, sans cadre et sans honnêteté financière. Le budget de l’automne devra être radicalement plus rigoureux s’il veut retrouver une quelconque crédibilité. Pour l’instant, les faits parlent d’eux-mêmes : le gouvernement Carney parle de rigueur, mais gouverne à crédit.
Sous le paillasson
- rien sous le tapis, tout sous la loupe
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