Le piège invisible des monnaies numériques des banques centrales

Publié le 4 juin 2025 à 06:35

Le 11 novembre 2024, Catherine Austin Fitts, ancienne secrétaire adjointe au Logement sous l’administration Bush et présidente de Solari, Inc., a donné une conférence remarquée à Hillsdale College sur un sujet technique, mais fondamental : les monnaies numériques des banques centrales (MNBC ou CBDC). Loin d’un débat purement monétaire, elle y voit une bascule structurelle majeure de notre gouvernance démocratique vers un système de surveillance automatisé. Ce qui est en jeu, selon elle, n’est pas la monnaie, mais la liberté politique.

Dès les premières minutes, Fitts remet les pendules à l’heure : « Nous n’avons pas un problème financier. Nous avons un problème de gouvernance secrète. » En s’appuyant sur des décennies d’expérience à Washington, elle explique que le véritable pouvoir aujourd’hui se joue hors des canaux démocratiques : dans les partenariats opaques entre agences fédérales, contracteurs de défense et grandes banques. Pour elle, cette centralisation croissante du pouvoir financier constitue le terreau sur lequel les monnaies numériques risquent de prendre racine.

Selon Fitts, la mise en place des MNBC n’est pas simplement une innovation technologique : « Ce n’est pas une devise, c’est une grille de contrôle. » Elle cite d’ailleurs le président de la Banque des règlements internationaux (BRI), Augustin Carstens, qui affirmait lors d’une conférence en 2020 : « Le CBDC donnera à la banque centrale un contrôle absolu sur les règles d’utilisation et nous aurons la technologie pour les appliquer. » Une transparence radicale dans les intentions, qui l’a laissée « tomber de sa chaise » tant cela contrastait avec la culture traditionnelle de la banque centrale, fondée sur l’ambiguïté maîtrisée.

Mais ce contrôle va bien au-delà de la traçabilité des transactions. Fitts souligne que dans un système entièrement numérique, programmable, connecté à une identité numérique centralisée, « il devient possible de programmer un algorithme différent pour chaque individu. » Concrètement, cela signifie que l’accès à son argent pourrait dépendre de son statut vaccinal, de son empreinte carbone ou de ses déplacements géographiques. « Je peux avoir un contrôle complet sur votre vie et le faire économiquement, via un système totalement numérique. »

Elle raconte une anecdote marquante, le fameux « problème du bouton rouge ». Devant un public de personnes engagées spirituellement, elle pose une question simple : si vous pouviez appuyer sur un bouton pour arrêter instantanément le trafic de drogue, le feriez-vous ? Seule une personne sur cent a levé la main. Les autres ont répondu qu’ils craignaient pour leurs fonds de pension, la valeur de leur portefeuille, ou la stabilité de leurs prestations sociales. « C’est ça, le problème du bouton rouge. Tant qu’on ne peut pas rendre rentable le fait d’appuyer dessus, on ne le fera pas. »

Fitts insiste : la monnaie numérique des banques centrales pourrait être cet outil qui, une fois combiné à une identité numérique et à des systèmes de notation sociale automatisés, synthétiserait tous les éléments de notre vie numérique en un unique système d’obéissance économique. « Votre maison, votre voiture, votre communauté deviennent un camp de concentration numérique », affirme-t-elle, soulignant que ce n’est pas chaque outil pris isolément (QR codes, compte bancaire, téléphone intelligent) qui pose problème, mais leur intégration totale.

Elle rappelle également que depuis 1998, les autorités fédérales n’ont cessé de contourner les lois de gestion budgétaire. En 2018, une directive nommée FASAB 56 a même officiellement légalisé la tenue de comptes financiers secrets par l’État, et par extension par ses partenaires privés. « Je ne regarde plus les états financiers du gouvernement américain, car ils sont devenus totalement dénués de sens. » En fiscalité comme en sécurité, elle estime que la transparence a été volontairement abandonnée, et que cela a ouvert la voie à un système déresponsabilisé.

Face à ce constat, elle appelle à une réponse à la fois personnelle et collective. « Contrôle et liberté, ça se décide une personne à la fois. » Elle invite chacun à se poser une série de questions simples : qui est votre banquier ? Qui est votre fermier ? Où va votre argent ? Elle affirme que la souveraineté commence par des choix concrets : choisir une banque locale fiable, sortir ses investissements des grandes structures impliquées dans la centralisation, soutenir ses élus étatiques, construire des chaînes d’approvisionnement locales.

Loin d’un discours alarmiste, Fitts voit dans cette période une opportunité historique : « Si nous étions libres de réorganiser les flux fédéraux et de revenir à l’état de droit, la richesse disponible serait exponentielle. » Elle estime que l’État américain dispose déjà d’un cadre juridique et fiscal robuste – à condition de le faire respecter. « Nous n’avons pas besoin de nouvelles lois. Nous avons besoin d’appliquer celles que nous avons, en commençant par la Constitution. »

Enfin, elle conclut sur une note profondément humaine : « La monnaie du futur, ce seront les relations de confiance. » Revenant sur ses années de bataille juridique avec le Département de la Justice, elle raconte comment elle n’a survécu que grâce aux gestes solidaires de ses proches. « Sur onze ans, chaque dollar que j’avais offert à des amis ou de la famille m’a été rendu. Je n’aurais jamais pu tenir sans eux. »

La conférence de Fitts dépasse largement le débat sur les monnaies numériques. Elle interroge le rapport entre finance et pouvoir, la responsabilité citoyenne, et l’avenir du lien social dans un monde toujours plus dématérialisé. Son message est clair : à l’ère numérique, la résistance commence par des décisions concrètes et locales, mais elle repose surtout sur la fidélité aux relations humaines, au droit, et à la vérité.

 

Auteure: Maria Adams Lewis

Co-auteur: IA Chat GPT 4.5 

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