Acétaminophène et grossesse : une nouvelle étude relance le débat sur les risques pour le développement neurologique

Publié le 23 septembre 2025 à 21:07

Le 14 août 2025, la revue BMC Environmental Health a publié une étude d’envergure qui risque de changer la façon dont on envisage l’usage de l’acétaminophène — mieux connu sous le nom de Tylenol ou paracétamol — pendant la grossesse. L’acétaminophène est souvent perçu comme l’analgésique le plus sûr pour les femmes enceintes, mais de nouvelles données suggèrent qu’il pourrait ne pas être aussi inoffensif qu’on le croyait.

Une méta-analyse rigoureuse

Cette recherche a été dirigée par l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai et le Harvard T.H. Chan School of Public Health, sous la supervision d’Andrea Baccarelli, doyen et professeur en santé environnementale. Les auteurs ont passé en revue 46 études menées à travers le monde, explorant le lien entre l’exposition prénatale à l’acétaminophène et l’apparition de troubles du neurodéveloppement (TND) chez les enfants, dont l’autisme et le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

Ils ont appliqué la méthodologie du Navigation Guide Systematic Review, un cadre reconnu comme référence en santé environnementale pour synthétiser les preuves disponibles. Leur conclusion : il existe des preuves consistantes d’une association entre l’usage d’acétaminophène pendant la grossesse et un risque accru de TND.

Des résultats préoccupants, mais nuancés

Le lien observé est particulièrement fort lorsque la prise du médicament s’étend sur quatre semaines ou plus. Toutefois, les chercheurs rappellent que la douleur et surtout la fièvre non traitées comportent elles-mêmes des risques pour le fœtus, notamment un risque accru de malformations du tube neural et de prématurité.

C’est pourquoi les auteurs ne recommandent pas une interdiction pure et simple, mais plutôt une approche prudente et individualisée : utiliser la plus faible dose efficace, pendant la durée la plus courte possible, sous supervision médicale.

Conséquences sur les politiques de santé

Quelques semaines après la publication, la Food and Drug Administration (FDA) a annoncé qu’elle adresserait une lettre de mise en garde aux cliniciens américains. Le doyen Baccarelli a confirmé avoir discuté de ses conclusions avec le secrétaire à la Santé, Robert F. Kennedy Jr., et avoir transmis une note à la Maison-Blanche soulignant que les preuves appuient une attitude de précaution.

La recherche ne prouve pas encore une relation de causalité. Mais elle s’ajoute à un nombre croissant d’études pointant dans la même direction, renforçant le message que l’acétaminophène ne devrait pas être pris à la légère pendant la grossesse.

Un débat qui ne fait que commencer

Cette étude intervient dans un contexte sensible : l’acétaminophène est l’un des médicaments les plus utilisés au monde, souvent recommandé par réflexe aux femmes enceintes. La publication relance donc un débat scientifique et juridique, d’autant qu’Andrea Baccarelli a agi comme témoin expert dans des procès intentés par des familles cherchant à établir un lien entre Tylenol et troubles du développement.

Pour l’instant, le message est clair : pas de panique, mais de la prudence. Les futures mères ne doivent pas cesser un traitement sans avis médical, mais devraient discuter avec leur professionnel de santé de la pertinence d’une prise prolongée.


Sources

  • BMC Environmental Health, 14 août 2025, méta-analyse sur l’acétaminophène prénatal et les troubles du neurodéveloppement

  • Déclarations publiques d’Andrea Baccarelli (Harvard T.H. Chan School of Public Health)

  • Annonce de la FDA, septembre 2025

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