Sundar Pichai : L'homme qui croit encore en l'humanité

Publié le 18 juin 2025 à 21:25

« Si toute l'humanité se mobilise vraiment, je pense qu'on peut régler n'importe quel problème. » Voilà le genre de phrase que vous entendez rarement dans la bouche d'un PDG d'une entreprise de deux mille milliards. Et pourtant, Sundar Pichai y croit. Dans ce long entretien avec Lex Fridman, le patron de Google et Alphabet livre un récit intime de son parcours, de son enfance sans eau courante jusqu'à la tête de la Silicon Valley. Mais au-delà du parcours classique du self-made man, ce qui frappe, c’est sa foi en l’humain. Voici 3 heures de podcast, résumées en 5 minutes, comme vous les aimez : en continu, sans détour, et avec 20 citations intégrées.

Il grandit à Chennai, en Inde, dans un appartement de deux pièces pour toute sa famille. Pas d’eau chaude, « on devait faire la queue pour remplir huit seaux d’eau qu’on ramenait à la maison ». L’arrivée du téléphone, après cinq ans sur une liste d’attente, est une révolution : « On pouvait appeler l’hôpital et récupérer les résultats en cinq minutes, au lieu d’un aller-retour de quatre heures. »

Ce sont ces petits chocs technologiques qui marquent l’enfance de Sundar : « J’ai toujours eu ce sentiment de première fois où la technologie change ta vie. »

Aujourd’hui, il dirige une entreprise qui s’efforce de redéfinir notre accès à l’information. « J’étais obsédé par les livres. Mon grand-père écrivait mieux que quiconque, et il adorait parler de politique. » Ce goût du savoir le mènera naturellement vers Google : « La mission de Google — organiser et rendre accessible l’information du monde — résonnait profondément en moi. »

Mais diriger Google en 2024, c’est aussi subir les critiques : « Il y a un an, tout le monde disait que j’étais le mauvais dirigeant pour cette transition vers l’IA. » Il répond par des actes : fusion de Brain et DeepMind, sortie de Gemini, déploiement de l’AI Mode dans Search, lancement des lunettes XR et du système de téléprésence Beam. « J’ai toujours su ce qu’on construisait en interne. J’étais confiant. »

L’IA, pour lui, est la révolution ultime : « En 2017, j’ai dit que l’IA serait plus profonde que le feu ou l’électricité. Je le pense toujours. » Pourquoi ? Parce que « c’est la première technologie capable d’accélérer sa propre amélioration. » Une technologie qui permet aussi de débloquer le potentiel cognitif de 8 milliards d’humains : « Dans 40 ans, seuls cinq journalistes faisaient ce que tu fais. Aujourd’hui, des millions de gens peuvent le faire. »

Mais cette révolution n’est pas sans risque : « Le risque fondamental est élevé. Mais plus il devient concret, plus l’humanité se mobilise. » Il ajoute : « J’ai foi en notre capacité à nous lever collectivement pour faire face. »

Alors, à quoi ressemblera demain ? Des agents IA, des lunettes intelligentes, un Web cohabité par humains et agents ? Il affirme : « Les deux coexisteront. L’IA rendra aussi les sites web plus agréables pour les humains. » Et sur l’interface utilisateur : « On a limité l’expression des modèles. Bientôt, ils coderont leur propre interface. »

Et la créativité ? Menacée ? « Non. Je pense que ça va libérer la créativité humaine. Les artistes pousseront les limites comme toujours. »

Sur le codage, il est clair : « L’ingénierie est 10% plus rapide aujourd’hui grâce à l’IA. Et on va embaucher plus d’ingénieurs, pas moins. »

Et sur ce que l’IA peut faire pour l’humanité : « Pour résoudre nos plus grands problèmes, ce serait bien d’avoir l’IA avec nous. »

Même sur les lunettes XR : « On les aura entre les mains des développeurs cette année, et du public l’an prochain. »

Quant à son style de leadership : « Perdre mon calme ? Oui, ça arrive. Mais motiver par la mission, c’est ce qui fonctionne le mieux. »

Il termine sur une note humaine : « À la fin, ce qu’on veut, c’est plus de temps pour ce qui compte vraiment. L’IA peut nous aider à y arriver. »

Et s’il avait une question à poser à l’AGI ? « Qu’est-ce qui me rend vraiment heureux ? »

Sundar Pichai n’a pas l’arrogance du tech mogul. Il parle peu de pouvoir, beaucoup de responsabilité. Il ne promet pas un monde parfait, mais il veut croire que la technologie, bien orientée, peut être une force qui nous rend meilleurs. Comme il le dit si simplement : « À chaque moment de l’histoire, j’aurais préféré naître aujourd’hui. »

 

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