
Le 20 mai 2025, l’Organisation mondiale de la Santé a adopté un traité international sur la prévention, la préparation et la riposte aux pandémies. Présenté comme un rempart contre les errements du passé (comprenez : 2020 et ses variants), ce texte entend mieux structurer les réponses sanitaires mondiales. Sur le papier : coordination, équité, solidarité. Dans les coulisses : critiques, méfiances, et quelques soupçons de gouvernance technocratique.
La chaîne Tocsin a consacré une émission entière au sujet, avec l’avocate Clémence et l’animateur Alexandre Cuignache, qui n’ont pas mâché leurs mots.
« Une seule santé »… pour les gouverner tous ?
Le cœur idéologique du traité repose sur le principe de « One Health », qui lie santé humaine, animale et environnementale. L’idée est belle : tout est interconnecté, il faut agir ensemble. Mais dans les faits, cette approche est parfois perçue comme une mécanique descendante, où l’uniformité prime sur l’adaptation locale.
Clémence y voit une médecine de tableur Excel, moins soucieuse du patient que du protocole validé par Genève. Un modèle où la réponse mondiale est prioritaire sur le diagnostic individuel.
Des virus partagés, des traitements… à confirmer
Autre pilier du traité : le système PABS (Pathogen Access and Benefit Sharing), qui promet un partage rapide des agents pathogènes découverts par un pays, en échange d’un accès équitable aux contre-mesures (vaccins, traitements, tests). Dans l’absolu, c’est un mécanisme vertueux.
Mais les sceptiques rappellent que les grandes campagnes de vaccination COVID ont laissé plus d’un pays pauvre sur le banc de touche, malgré les promesses. Le traité évoque un accès à 20 % de la production mondiale, mais sans précisions fermes sur la gestion, les contrats, ni les arbitrages en cas de pénurie.
Un comité de conformité pour veiller au grain… ou au pouvoir ?
Le traité crée également un comité de conformité, censé s’assurer que les États respectent leurs engagements. Sur le principe, c’est un organe de suivi. Dans la pratique, certains y voient une structure supranationale aux contours flous, qui pourrait évoluer vers des formes de pression politique ou financière.
Rien d’explicitement coercitif, bien sûr. Juste de quoi rappeler gentiment aux États ce qu’ils ont “volontairement” signé.
L’OMS gagne en influence… mais pas en indépendance
Le traité renforce aussi le rôle de l’OMS dans la coordination et la distribution des ressources sanitaires. Mais une question persiste : qui pilote vraiment l’OMS ? L’organisation reste largement financée par des contributions volontaires, dont une part provient d’États… et une autre de fondations privées, pas toujours désintéressées.
Plus de responsabilités, mais toujours sous perfusion. Une indépendance à géométrie variable, selon certains.
La souveraineté nationale : garantie sur papier, conditionnée dans les faits
Officiellement, aucune mesure coercitive n’est imposée aux pays membres : pas de confinement obligatoire, pas de vaccination forcée, pas d’interdiction de voyager imposée par l’OMS. Chaque État garde sa souveraineté.
Cependant, entre les engagements internationaux, les financements conditionnés et les standards techniques globaux, la marge de manœuvre réelle pourrait s’amenuiser. Autrement dit : vous êtes libres… mais encadrés.
Et les États-Unis dans tout ça ?
Dans un geste fort (et controversé), les États-Unis ont annoncé leur retrait de l’OMS peu avant l’adoption du traité. Motifs invoqués : manque de transparence, influence excessive d’intérêts privés, et menace pour la souveraineté nationale.
Cette décision — applaudi par certains, critiquée par d'autres — soulève une question de fond : peut-on bâtir une gouvernance sanitaire mondiale efficace sans l’un des principaux contributeurs financiers et scientifiques de l’OMS ?
Le retrait américain fragilise le traité sur le plan symbolique, mais aussi logistique. Car en l’absence d’une puissance comme les États-Unis, la dynamique de leadership risque de se réorganiser autour d’autres pôles, moins transparents, plus alignés sur des intérêts économiques ou politiques régionaux.
Conclusion : progrès institutionnel ou recentrage technocratique ?
Ce traité est un pas important vers une meilleure coordination sanitaire mondiale. Mais comme tout ce qui touche à la gouvernance globale, il exige de la transparence, de la rigueur démocratique, et un œil citoyen toujours ouvert.
Il ne s’agit pas de dénoncer une conspiration, mais de reconnaître une tendance : celle d’un pouvoir sanitaire de plus en plus centralisé, souvent opaque, et parfois déconnecté des réalités locales.
Après tout, ce n’est pas parce qu’une institution agit « pour notre bien » qu’elle ne mérite pas d’être interrogée, débattue, et surveillée.
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