
Imaginez une plante capable de produire à la fois des tomates et des pommes de terre. Surprenante, presque magique, cette idée pourrait sembler relever de la science-fiction… et pourtant, elle existe. Son nom : la pomate.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la pomate n’est ni une chimère génétiquement modifiée ni une mutation naturelle. Il s’agit d’une création horticole bien réelle, née de l’art ancestral de la greffe. Le principe est simple, mais ingénieux : on prend un plant de tomate, que l’on greffe manuellement sur un plant de pommes de terre. Ces deux végétaux appartiennent à la même famille botanique, celle des Solanacées — ce qui les rend compatibles au niveau physiologique. Une fois la greffe réalisée avec soin, la plante peut alors se développer en un organisme unique, produisant des tomates au-dessus du sol et des pommes de terre en dessous.
L’idée séduit immédiatement les jardiniers urbains. Sur un petit balcon, dans un bac, ou dans un espace restreint, la pomate offre une solution double récolte en un seul pied. On récolte des tomates juteuses à la cime, et des tubercules nutritifs à la racine. Cette double culture est particulièrement intéressante dans un contexte de réduction d’espace cultivable, de montée des préoccupations écologiques et de recherche d’autonomie alimentaire.
Cependant, cette innovation a ses limites. D’abord, la pomate ne se sème pas : elle ne peut pas être reproduite à partir de graines. Elle doit être greffée manuellement à chaque fois, ce qui en fait une plante que l’on achète déjà formée auprès de producteurs spécialisés. Ensuite, les rendements sont variables. Certains jardiniers rapportent que les tomates sont moins sucrées, ou que les pommes de terre sont plus petites que celles issues d’un plant cultivé seul. Cela s’explique facilement : la plante partage ses ressources, et ce partage peut affaiblir l’une ou l’autre des productions selon les conditions de culture.
Malgré tout, la pomate reste un bel exemple de ce que la science horticole permet d’imaginer. Loin d’être un gadget, elle illustre le potentiel du jardinage durable et intelligent. Dans une ère marquée par les défis liés à la sécurité alimentaire, à la réduction des surfaces agricoles et à l’urbanisation croissante, des solutions comme celle-ci ouvrent des perspectives intéressantes.
Des entreprises comme Thompson & Morgan, au Royaume-Uni, ont commercialisé la pomate sous le nom de TomTato®. Ce succès populaire démontre l’intérêt croissant pour des plantes polyvalentes, peu encombrantes et productives. La greffe, technique ancestrale remise au goût du jour, nous rappelle que l’innovation ne passe pas toujours par les OGM ou les laboratoires de haute technologie. Parfois, il suffit d’un sécateur bien aiguisé et d’une bonne connaissance des plantes.
La pomate est donc bien réelle. Elle ne remplacera pas les grandes cultures maraîchères, mais elle incarne à merveille l’esprit d’expérimentation et de résilience qui anime de plus en plus de jardiniers et de producteurs locaux. Une plante, deux récoltes. Une idée simple, mais puissante. Et peut-être, une piste fertile pour repenser nos façons de cultiver.
Sources
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Thompson & Morgan. TomTato® – Tomatoes and Potatoes on One Plant. Consulté en juin 2025. https://www.thompson-morgan.com/tomtato
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BBC News. TomTato plant grows tomatoes and potatoes, 26 septembre 2013. https://www.bbc.com/news/uk-england-suffolk-24285227
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The Guardian. TomTato plant: tomatoes and potatoes grown on one plant, 26 septembre 2013. https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2013/sep/26/tomtato-plant-tomatoes-potatoes-one-plant
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BBC Science Focus. Can you grow tomatoes and potatoes on the same plant? Consulté en juin 2025. https://www.sciencefocus.com/nature/can-you-grow-tomatoes-and-potatoes-on-the-same-plant/
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Royal Horticultural Society (RHS). Grafting fruit and vegetables. https://www.rhs.org.uk/fruit/grafting-fruit-trees
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Oregon State University Extension. Growing hybrid grafted plants: possibilities and limitations. https://extension.oregonstate.e
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