Le chat : sorcier domestique ou roi silencieux de notre civilisation ?

Publié le 30 juin 2025 à 21:12

Dans un épisode inoubliable du podcast Sans Filtre, Boucar Diouf, biologiste, humoriste et philosophe du quotidien, partage une réflexion aussi amusante que percutante : et si le chat avait ensorcelé l'espèce humaine ? Mieux encore : et si le chat était le véritable roi des animaux, longtemps sous-estimé ?

Le seul animal qui ne sert à rien… et qui a tout gagné

« Le chat ne sert à rien », dit Boucar avec son ironie tendre. Contrairement au chien qui garde la maison, surveille les troupeaux, rapporte des objets, le chat ne fait rien qu’il ne veut pas faire. Pourtant, il est aimé, nourri, logé, souvent mieux que des humains.

Le chat ne donne pas la patte, mais il donne des ordres. Il dort toute la journée, choisit quand il accepte d’être caressé, et d’un simple regard attendrit les cœurs les plus fermés. Il a réussi ce que peu d’espèces peuvent se vanter d’avoir accompli : domestiquer l’humain.

Le chat, créature divine ou diabolique

Dans l'Égypte ancienne, le chat était sacré. Associé à la déesse Bastet, il était protégé par la loi. Tuer un chat, c’était risquer la peine de mort. Lorsqu’un chat mourait, les Égyptiens allaient jusqu’à se raser les sourcils en signe de deuil. Les chats ont même sauvé le monde, selon les mythes : on raconte qu’un chat aurait affronté un serpent cosmique pour libérer le soleil.

À l'inverse, dans l'Europe médiévale, l’Église catholique voyait dans le chat un agent du diable. Les sorcières étaient souvent représentées accompagnées de chats noirs. Le Vatican alla jusqu’à émettre une bulle pontificale les condamnant. Une époque tragique qui mena à de véritables massacres de chats.

Un prédateur intact, libre parmi les libres

Ce qui distingue le chat de tous les autres animaux domestiques, c’est qu’il n’a jamais été entièrement domestiqué. Le chien vient du loup, la vache de l’auroch, le mouton du mouflon. Tous ont été transformés par l’humain. Mais le chat est venu de lui-même.

Quand les humains ont stocké des grains dans des greniers, les souris sont arrivées. Et les chats les ont suivies, attirés par cette source de nourriture. C’est nous qui les avons acceptés, mais c’est eux qui ont fait le premier pas.

Et même aujourd’hui, s’ils se retrouvent seuls, les chats retournent à l’état sauvage sans difficulté. Ils chassent, s’adaptent, survivent. En Australie, des millions de chats errants déciment les espèces indigènes. Le chat est le seul animal domestique qui peut vivre sans nous, mais dont nous semblons incapables de nous passer.

Une œuvre d’art vivante

Au-delà du mystère, Boucar Diouf décrit le chat comme une œuvre d’art vivante. Il est beau, élégant, équilibré. Ses grands yeux, sa silhouette fluide, ses mouvements lents et précis… tout chez lui attire. Et cela n’a rien d’un hasard.

Le biologiste Konrad Lorenz, prix Nobel d’éthologie, avait montré que l’humain est biologiquement attiré par les êtres qui ressemblent à des bébés humains : grands yeux, visage arrondi, petits cris plaintifs. Le chat répond parfaitement à ce schéma. Son miaulement est même adapté à la fréquence émotionnelle humaine, imitant la plainte d’un nourrisson.

L’animal le plus aimé… et le plus ignoré

Il y aurait aujourd’hui près d’un milliard de chats sur Terre. Des dizaines de millions vivent en liberté. Certains ont été élus maires de villages, d'autres héritent de fortunes, ou accumulent des millions d’abonnés sur Instagram. Le chat domine Internet, tout comme il habite nos foyers, nos mythes, nos inconscients.

Et pourtant, le chat pose aussi des problèmes écologiques majeurs. Son impact sur la biodiversité est immense. Mais ceux qui l’aiment ne veulent pas l’entendre. Le chat, dans son charme indifférent, fait plier la raison.


Conclusion

Comme le dit Boucar Diouf, peut-être que l’Église médiévale avait raison… mais pour de mauvaises raisons. Le chat n’est pas une créature démoniaque. Il est une force tranquille, un être magnétique, un roi silencieux, qui a conquis l’humanité sans jamais lever la patte.


Source : Extrait du Sans Filtre Podcast, épisode avec Boucar Diouf

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