
Et si on élevait nos enfants… comme il y a 100 000 ans ?
Dans un monde où les livres de parentalité remplissent les rayons, où les diagnostics se multiplient, et où les familles vivent de plus en plus isolées, une question mérite d’être posée : et si la parentalité moderne s’était éloignée de ce pour quoi nous sommes biologiquement conçus ?
C’est l’intuition – et la démonstration – du Dr Paul Turk, auteur de Bringing Up Baby, qui propose une approche radicalement simple : retrouver les principes évolutifs qui ont façonné l’enfance humaine pendant des millénaires.
1. La tribu perdue : le coût du parent seul
« Il faut tout un village pour élever un enfant », dit le proverbe africain. Aujourd’hui, ce village a disparu.
Le parent moderne agit souvent seul, ou presque, sans le soutien des grands-parents, des oncles, des tantes. Résultat : plus de stress, moins de répit, et des enfants qui grandissent dans des milieux moins riches socialement.
« Nos cerveaux se sont développés dans des tribus, pas dans des appartements. » — Dr Paul Turk
2. Trop de choix, pas assez d’orientation
Les enfants d’aujourd’hui évoluent dans un univers saturé d’images, d’options, d’attentes — mais sans repères stables.
Dans les sociétés ancestrales, chaque enfant avait un rôle clair, une place dans le groupe, des modèles multiples. Aujourd’hui : isolement, anxiété, troubles de l’attention.
« L’évolution ne nous a pas préparés à naviguer seuls dans la complexité moderne. »
3. Le pouvoir de la proximité
Le contact peau à peau, le co-sommeil, le portage... Autant de pratiques ancestrales aujourd’hui considérées comme “alternatives”, alors qu’elles sont biologiquement essentielles.
Les bébés dorment mieux, tètent plus facilement, et sont moins stressés lorsqu’ils sentent la chaleur d’un adulte.
« Un bébé qui pleure est un bébé qui cherche un corps, pas un biberon. »
« Le besoin d’attachement n’est pas une faiblesse : c’est un instinct de survie. »
4. Naître et nourrir : un retour au bon sens
Trop souvent, la naissance est traitée comme une urgence médicale, l’allaitement comme une corvée temporaire. Pourtant, tout dans notre physiologie plaide pour l’inverse.
« L’allaitement, c’est de l’immunité liquide. »
Le sevrage précoce, souvent dicté par des contraintes sociales ou la peur de “mal faire”, prive l’enfant de nutriments, mais aussi de sécurité affective.
5. Petites familles, grandes pressions
Autrefois, avoir plusieurs enfants était une stratégie de survie. Aujourd’hui, la parentalité devient un projet coûteux, anxiogène, ultra-individualisé.
« Moins on est pour élever l’enfant, plus on sent que tout repose sur nous. Et ça, c’est épuisant. »
Les décisions alimentaires — comme retarder l’introduction des allergènes — vont souvent à l’encontre des découvertes récentes sur le développement immunitaire.
« Le système immunitaire apprend comme un enfant : par l’exposition, pas par l’isolement. »
6. Trop de pilules, pas assez d’habitudes
L’obsession moderne du contrôle immédiat (du sommeil, du comportement, de l’humeur) mène à une médicalisation croissante : antidépresseurs, Ritalin, anxiolytiques…
Mais les enfants ont surtout besoin de mouvements, de lumière naturelle, de repères sociaux et d’un cadre bienveillant.
« L’anxiété infantile ne se soigne pas par une pilule, mais par une présence. »
7. Et si on repensait tout ?
En s’inspirant des principes de la biologie évolutive, la parentalité pourrait redevenir ce qu’elle a toujours été : un projet collectif, corporel, et profondément humain.
« Notre culture change plus vite que notre biologie. Mais nos enfants, eux, ont encore besoin de ce pour quoi nous avons été faits. »
En conclusion
Ce que propose le Dr Paul Turk dans Bringing Up Baby, ce n’est pas une méthode rigide, mais une boussole. Une manière de se demander, face à chaque décision : est-ce que cela va dans le sens de notre nature profonde, ou contre ?
Et si, au fond, le meilleur conseil parental était celui-ci :
« Faites moins ce que l’industrie vous propose, et plus ce que votre instinct vous souffle. »
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