
L’économie canadienne traverse une zone de turbulence, et les derniers chiffres de l’emploi sont là pour le rappeler. En juillet, le pays a perdu 41 000 emplois, une contre-performance marquante alors que les analystes anticipaient au contraire 13 000 créations. Le constat est d’autant plus préoccupant que, sur les six derniers mois, seulement 27 000 nouveaux postes ont vu le jour. Comme le résume l’observateur, « la situation n’est pas très reluisante lorsque l’on regarde les données cumulées ».
Après un mois de juin euphorique avec 83 000 emplois créés contre zéro attendu, la rechute de juillet a mis en évidence la fragilité du marché du travail. La dégradation s’accélère depuis février, date qui coïncide avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche et le déclenchement d’une guerre commerciale avec le Canada. « Ce n’est pas une coïncidence, c’est directement lié », affirme l’analyste, tout en soulignant que les pertes se concentrent dans des secteurs inattendus : information, culture, loisirs, construction, services sociaux, santé et agriculture.
Le taux de chômage national se maintient à 6,9 %, mais la participation au marché du travail recule. La jeunesse est particulièrement touchée : « Les jeunes paient le plus présentement », note-t-il. Dans la tranche des 15-24 ans, 34 000 emplois ont disparu, ramenant le taux d’emploi à 53,6 %, son plus bas niveau depuis 1998. Le chômage des jeunes grimpe à 14,6 %, un record depuis 2010, et atteint 17,5 % pour ceux retournant aux études.
Les causes sont multiples, mais l’immigration joue un rôle central : le Canada comptait 2,9 millions de résidents non permanents au 1er avril 2025. « Ce sont des emplois qui ne sont pas disponibles pour les étudiants », souligne-t-il, en évoquant particulièrement les postes peu qualifiés dans la restauration et le commerce de détail. Même si la croissance de la population ralentit, « le choc des dernières années se fait toujours sentir ».
Parallèlement, la guerre commerciale se poursuit sur plusieurs fronts. Outre les tensions avec les États-Unis, le Canada affronte la Chine : pour protéger sa filière des véhicules électriques, Ottawa a imposé 100 % de droits de douane sur les importations chinoises, ce qui a entraîné des représailles sur le canola canadien. « On protège un potentiel industriel au détriment d’industries établies et rentables », déplore-t-il, visant les choix stratégiques du gouvernement.
Avec Washington, les relations se tendent : Donald Trump a appliqué des tarifs de 35 % sur certains produits canadiens, mais en pratique, le taux moyen effectif est de 6 à 7 % grâce à la conformité aux règles de la SEUM. Marc Carney a choisi de « jouer la carte de l’indifférence », estimant que la plupart des biens échapperaient aux surtaxes. Cependant, cette stratégie pourrait s’avérer risquée lors de la renégociation prévue en 2026 : « Les États-Unis pourraient larguer le Canada » en concluant des accords bilatéraux avec le Mexique, ce qui entraînerait des droits sur l’ensemble des exportations canadiennes.
L’analyste met en garde : « On ne fait que reporter à plus tard le risque réel ». Si les tensions commerciales s’intensifiaient, les effets sur l’emploi, déjà affaibli, pourraient être dévastateurs. Dans un marché où les jeunes et certains secteurs sont déjà à genoux, un choc tarifaire généralisé pourrait transformer la situation actuelle en crise ouverte.
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