
Les signaux sont clairs : la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine viennent toutes deux de reprendre le cycle de baisse de leur taux directeur. Après une longue pause, la machine se remet en marche et avec elle, la création monétaire. Conséquence immédiate : les marchés immobiliers et boursiers se préparent à absorber le choc.
Au Canada, la décision de la Banque du Canada d’abaisser son taux directeur de 2,75 % à 2,5 % n’a rien d’une surprise. Les données du deuxième trimestre annonçaient déjà la couleur : un PIB en recul de 1,6 %, des exportations en chute de 27 %, des dizaines de milliers de pertes d’emplois, et un chômage qui grimpe désormais à 7,1 %. L’inflation, quant à elle, se stabilise autour de 1,9 % (2,4 % hors énergie), avec un IPCOM en léger repli à 2,5 %. Ce plafonnement de l’inflation fondamentale a ouvert la porte à l’assouplissement monétaire.
La principale conséquence de ce virage se trouve dans le marché immobilier canadien, figé depuis 2023 après deux années de corrections. À Toronto, les condos s’accumulent sans acheteurs. À Montréal, le marché stagne également, aggravé par la baisse récente des flux migratoires temporaires (-60 000 au dernier trimestre). Avec des baisses de taux successives, on pourrait assister à une stabilisation, voire un retournement progressif du marché.
Au sud de la frontière, la Fed a elle aussi enclenché une première baisse, ramenant son taux directeur de 4,5 % à 4,25 %. L’inflation reste pourtant élevée à 3,1 %, mais le ralentissement de l’emploi pèse lourd dans la balance. C’est le dilemme permanent de la banque centrale américaine : jongler entre deux mandats, la stabilité des prix et la santé du marché du travail. Les projections (le fameux dot plot) annoncent une à deux baisses supplémentaires d’ici la fin de l’année, mais la pression politique pourrait accélérer la cadence. Donald Trump réclame un retour à 1 % et pourrait bien, en cas de victoire, placer à la tête de la Fed un dirigeant plus docile à ses ambitions.
Historiquement, la baisse des taux dans un contexte de marché boursier proche de ses sommets n’annonce pas une catastrophe, bien au contraire. Une étude de JP Morgan couvrant 40 ans montre qu’à 12 reprises où la Fed a baissé ses taux dans une situation comparable, le S&P 500 a gagné en moyenne 15 % dans l’année suivante. Avec un indice déjà à un sommet record autour de 6000 points, il y a de quoi nourrir l’optimisme.
Reste que la mécanique est lancée : baisse des taux, crédit plus facile, expansion de la masse monétaire (M2 est déjà en croissance positive), et donc injection de liquidités sur les marchés. L’immobilier canadien pourrait respirer, les marchés boursiers américains et mondiaux pourraient s’envoler. L’histoire nous enseigne que les banques centrales, une fois reparties dans un cycle de baisses, ne s’arrêtent pas à une seule étape.
La vraie question n’est plus de savoir si elles continueront à couper, mais jusqu’où elles iront. Et dans quelle mesure cette relance monétaire profitera réellement à l’économie réelle, ou si elle ne fera qu’alimenter une nouvelle bulle d’actifs.
Sources:
Cet article a été réalisé à partir de l’épisode « C’EST REPARTI! | Prêts pour la suite? » de la chaîne JosFinances, une référence francophone pour comprendre l’économie, les marchés et les décisions des banques centrales avec clarté et pédagogie.
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