
Le conflit en Ukraine entre dans une phase marquée par une intensification des frappes, une guerre de l'image, et des tensions nucléaires croissantes. Des parallèles historiques, notamment avec la Guerre des Six Jours, éclairent les stratégies actuelles des belligérants. Voici un décryptage des événements récents.
Escalade militaire : drones, sabotage et contre-attaques
Les frappes de drones ukrainiens sur les bases aériennes russes ont fait grand bruit : Kiev affirme avoir détruit jusqu’à 40 bombardiers stratégiques, ce qui affaiblirait significativement la capacité nucléaire aérienne de Moscou. Même si la Russie reconnaît moins de pertes, les images d’avions soviétiques endommagés (souvent à l’état de carcasse) témoignent d’un succès tactique.
L’attaque du pont de Kertch par une bombe sous-marine de 1000 kg a également un fort impact symbolique. Ce pont, construit pour relier la Crimée annexée au reste de la Russie, est devenu une cible récurrente des forces ukrainiennes.
Parallèlement, un déraillement de train en Russie — dû possiblement à des sabotages — a été instrumentalisé par Vladimir Poutine pour qualifier l’Ukraine de "terroriste". Une manière de légitimer de futures représailles.
Guerre psychologique et logistique
En parallèle des frappes physiques, la Russie a entrepris des actions psychologiques : le renvoi de 6 000 corps de soldats ukrainiens vise à peser sur le moral national et les finances de Kiev (300 millions $ en coûts funéraires).
Les dernières frappes russes sur Kiev, peu meurtrières (4 morts civils), interrogent : s'agit-il d'intimider la population ukrainienne ou de rappeler la capacité de nuisance de Moscou avant le sommet du G7 au Canada?
Drones : une nouvelle donne stratégique
Les attaques ukrainiennes démontrent la montée en puissance des drones dans les conflits modernes. À bas coût et difficilement détectables, ils deviennent une menace redoutée, rivalisant désormais avec l’artillerie et les snipers. La guerre russo-ukrainienne agit ainsi comme un laboratoire du champ de bataille du XXIe siècle.
Nucléaire : jeu dangereux et lignes rouges
Le spectre du nucléaire revient en force. Certains cercles proches du Kremlin évoquent des options allant jusqu’à une frappe nucléaire tactique en Ukraine, pour "envoyer un message" à l’Europe. Mais Poutine sait que cela risquerait d'aliéner ses derniers alliés.
Du côté américain, l'engagement reste mesuré. Washington ne souhaite pas intervenir directement, laissant l’Europe en première ligne, avec la France qui devra probablement composer avec sa propre dissuasion nucléaire.
Parallèles historiques : la guerre des Six Jours
La situation actuelle fait écho à des précédents historiques. En 1967, Israël avait lancé une attaque préemptive contre ses voisins arabes, justifiée par une menace jugée imminente. L'expansion israélienne qui en a résulté continue d'alimenter les tensions au Moyen-Orient.
De même, le refus de Volodymyr Zelensky d’abandonner le moindre territoire ukrainien rappelle le pari de Sadate en 1979, qui avait signé la paix avec Israël au prix de son impopularité et de son assassinat. En Ukraine, céder la Crimée ou le Donbass serait perçu comme un renoncement inacceptable.
Guerre préemptive vs guerre préventive : subtilité juridique
Le droit international autorise une guerre préemptive face à une menace crédible et imminente. Une guerre préventive, elle, reste illégale, comme l'a illustré l'invasion américaine de l’Irak en 2003, fondée sur de fausses accusations d’armes de destruction massive.
Aujourd’hui, les comparaisons entre l’attaque ukrainienne sur les bombardiers russes et Pearl Harbor alimentent le débat sur la légitimité de telles opérations.
Le conflit s’enlise : vers une guerre d’usure
Malgré ces coups d’éclat, la Russie continue de gagner du terrain sur le front ukrainien. L’armée de Kiev mène des opérations de relations publiques pour entretenir l’espoir, mais les faits sont têtus : la guerre devient une guerre d’usure.
Le prochain sommet du G7 devrait mettre cette situation au cœur des débats. Un soutien militaire et financier accru à l’Ukraine pourrait en découler — mais à quel prix, et pour quel horizon de paix?
Conclusion : compromis impossible?
Les compromis dans les différends territoriaux provoquent souvent des réactions extrêmes. Zelensky, fort du soutien populaire, refuse toute concession. Comme dans d’autres conflits passés (Irlande, Jérusalem), une telle posture peut renforcer l’unité nationale… au prix d’une paix durable sans cesse repoussée.
Le conflit en Ukraine est donc entré dans une phase où chaque frappe, chaque geste symbolique, pèse autant que les batailles au sol. Une situation volatile, avec des risques géopolitiques majeurs, qui rappelle combien le passé éclaire le présent.
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