Jackson Wijaya prend le contrôle d’Asia Pulp and Paper : vers un géant mondial du papier enraciné au Canada

Publié le 21 juillet 2025 à 05:46

Un tournant majeur s’opère dans l’industrie mondiale du papier. Jackson Wijaya, homme d’affaires indonésien et propriétaire de Paper Excellence, vient de prendre le contrôle d’Asia Pulp and Paper (APP) — une entreprise sino-indonésienne de premier plan. Cette acquisition, effectuée auprès de son propre père, propulse Wijaya à la tête d’un conglomérat gigantesque dans le domaine de la pâte et du papier, avec des ramifications profondes au Canada.

Paper Excellence : le visage canadien d’une stratégie asiatique

Au Canada, Paper Excellence est déjà un acteur dominant. Elle détient des contrats d’approvisionnement forestier sur environ 22 millions d’hectares — soit une superficie six fois plus grande que la Nouvelle-Écosse. Cette empreinte colossale sur les ressources naturelles canadiennes en fait le plus grand producteur de pâte et papier au pays.

Pour Robert Beauregard, professeur titulaire au Département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval, cette consolidation n’est pas anodine. Il y voit une stratégie industrielle asiatique, notamment chinoise, visant à sécuriser des approvisionnements en papier à partir des ressources forestières canadiennes. En d’autres termes, le Canada, riche en forêts boréales, devient une plateforme d’extraction et de transformation au service d’intérêts économiques mondiaux.

Concentration, opacité et enjeux de souveraineté

Cette fusion soulève d’importantes questions de transparence, de gouvernance des ressources naturelles, et de souveraineté économique. Le fait que Paper Excellence, enregistrée comme entreprise canadienne, soit en réalité étroitement liée à des intérêts asiatiques — et désormais fusionnée avec APP — alimente les inquiétudes sur la concentration des actifs forestiers et le contrôle étranger sur une partie stratégique de l’économie canadienne.

Le gouvernement fédéral, tout comme les provinces concernées, devront bientôt décider s’ils souhaitent continuer à accorder des droits d’exploitation aussi vastes à une seule entité, surtout quand celle-ci échappe en grande partie au contrôle démocratique.


Sources :

  • Entrevue de Robert Beauregard à Radio-Canada (propos résumés)

  • Analyse de la superficie forestière canadienne contrôlée par Paper Excellence

  • Données publiques sur Paper Excellence et Asia Pulp and Paper

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