
Depuis l’imposition de tarifs sur l’aluminium canadien, les États-Unis espéraient relancer leur production nationale. Or, dans les faits, ces droits de douane ont eu un effet contre-intuitif : ils pénalisent d’abord les industriels américains… tout en épargnant, voire en favorisant, les producteurs du Québec.
Une hausse des prix qui contourne les objectifs
Les tarifs, qui oscillent entre 10 % et 25 %, visent officiellement à protéger l’industrie américaine de l’aluminium. Mais les États-Unis importent toujours massivement du Canada, dont provient environ 75 % de leur aluminium étranger. Résultat : la demande reste stable, les volumes ne baissent pas, mais les prix grimpent.
La prime régionale sur l’aluminium dans le Midwest américain a ainsi bondi de près de 60 % depuis le début de 2025, atteignant près de 900 $ US la tonne. Cette flambée n’est pas étrangère à l’augmentation des coûts de l’aluminium recyclé, qui exerce une pression à la hausse sur le métal neuf.
Le Québec à l’abri des turbulences
Les alumineries québécoises, grandes exportatrices vers le marché américain, ne subissent donc pas le contrecoup de ces tarifs. Au contraire, elles continuent de vendre leur production — réputée pour sa faible empreinte carbone — à des prix bonifiés.
Puisque ce sont les importateurs américains qui paient la surtaxe, le fardeau ne repose pas sur les épaules des producteurs canadiens. Le marché s’autorégule donc au profit des fournisseurs, et non au bénéfice de l’industrie américaine.
Les manufacturiers américains dans la ligne de mire
Les hausses de prix affectent particulièrement les industries transformatrices aux États-Unis : automobile, construction, emballage… Tous doivent composer avec des coûts accrus de matière première. Sans surprise, la facture est refilée au consommateur.
Pendant ce temps, la production d’aluminium aux États-Unis stagne : seulement quatre fonderies sont actuellement en activité, et aucun plan crédible de relance massive n’a été dévoilé.
Une politique aux effets limités
Dans ce dossier, les tarifs douaniers semblent davantage relever d’une posture politique que d’une stratégie économique. La dépendance américaine à l’aluminium canadien reste entière, et les tentatives de protection du marché local se traduisent en hausses de prix… sans bénéfice industriel tangible.
— L’équipe de Sous le paillasson
Rien sous le tapis, tout sous la loupe
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