Fonds de retraite : pourquoi la majorité des Canadiens devront se débrouiller seuls

Publié le 3 juillet 2025 à 09:57

Au Canada, seulement 37 % des employés ont accès à un régime de retraite fourni par leur employeur, selon les données de Statistique Canada. Cela signifie que près des deux tiers des travailleurs devront compter sur eux-mêmes pour financer leur retraite, en s’appuyant sur leur épargne personnelle, leur REER, leur CELI, ou les régimes publics comme le RRQ ou le RPC.

La situation est encore plus préoccupante dans le secteur privé, où moins d’un travailleur sur quatre (22,9 %) est couvert par un régime de pension agréé. En comparaison, plus de 86 % des employés du secteur public bénéficient d’un tel régime. Cet écart grandissant crée une inégalité importante entre les Canadiens, selon leur type d’emploi et leur stabilité professionnelle.

Et même lorsque les employeurs offrent un régime de retraite, il ne garantit pas toujours une sécurité financière. De plus en plus souvent, il s’agit de REER collectifs ou de régimes à cotisations déterminées. Dans ces cas, c’est l’employé qui assume entièrement le risque des marchés : en cas de crise boursière ou de rendements faibles, c’est sa retraite qui en souffre. Les épisodes de 2008, 2020, 2023 et 2024 l’ont bien démontré : la volatilité financière peut effacer en quelques mois des années d’épargne.

Les régimes à prestations déterminées, qui garantissent un revenu stable à la retraite, sont aujourd’hui en voie de disparition dans le secteur privé. Et même lorsqu’ils existent, leur accessibilité est conditionnelle. Ils sont avantageux uniquement si l’on débute sa carrière tôt avec le même employeur et qu’on y reste jusqu’à la retraite. Une démission prématurée, un congédiement, une fermeture d’entreprise ou même une retraite anticipée peuvent entraîner des pénalités sévères ou une réduction drastique des prestations.

Dans ce contexte, plusieurs experts soulignent que les Canadiens doivent prendre leur avenir financier en main. Malheureusement, l’éducation financière reste faible, et beaucoup découvrent trop tard qu’ils n’ont pas assez épargné. Or, avec l’allongement de la vie, les coûts croissants du logement et de la santé, et les incertitudes économiques, la retraite autonome devient un défi de taille.

Pour pallier ces lacunes, certains plaident pour une réforme des politiques fiscales et une bonification des incitatifs à l’épargne. D’autres proposent de développer des régimes à risques partagés, ou à prestations cibles, qui répartiraient mieux les risques entre employeurs et employés. En attendant, les travailleurs canadiens doivent composer avec une réalité simple : dans la majorité des cas, personne d’autre qu’eux-mêmes ne veillera à leur retraite.

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